Si elles possèdent chacune une part de vérité, aucune théorie ne peut appréhender une question dans son ensemble. La fable des Aveugles et de l’éléphant reflète cette situation millénaire : chaque chercheur est, à sa manière, l’un de ces aveugles s’efforçant de saisir la réalité de l’éléphant. Ce récit illustre la démarche du Club du Millénaire, au sein duquel chaque conclusion prend sens à la lumière des autres.
La fable des aveugles et des éléphants
« Il y avait jadis un roi qui réunit une fois des aveugles de naissance. Le roi leur dit : « Ô aveugles de naissance, connaissez-vous les éléphants ? » Ils répondirent : « Ô grand roi, nous ne les connaissons pas, nous n’en avons aucune notion. » Le roi leur dit encore : « Désirez-vous connaître leur forme ? – Nous désirons certes la connaître. »
Le roi ordonna à ses serviteurs d’amener un éléphant et aux aveugles de toucher eux-mêmes l’animal avec leurs mains. A tous, le roi dit : « Ceci est l’éléphant. » Il fit alors écarter l’éléphant et demanda aux aveugles : « De quelle nature est l’éléphant ? »
Les aveugles qui avaient pris la trompe dirent : « L’éléphant est semblable à un van. » Ceux qui avaient pris une défense dirent : « L’éléphant est semblable à un pilon. » Ceux qui avaient pris la tête dirent : « L’éléphant est semblable à un chaudron. » Ceux qui avaient pris le dos dirent : « L’éléphant est semblable à un monticule. » Ceux qui avaient pris le flanc dirent : « L’éléphant est semblable à un mur. » Ceux qui avaient pris la cuisse dirent : « L’éléphant est semblable à un arbre. » »[1]
[1] Durgha-âgama, Lokaprajnapati sûtrâ, cf. L’inde des sages de Michel Hulin, Félin, Philippe Lebaud, 2000, p.31-32.